Mardi 27 Janvier, 2015
Paris, France
Elie Top crée sa propre maison de joaillerie. Et tout naturellement, pour la création des bijoux qui portent son nom, Elie Top donne plus que jamais libre cours à son imaginaire.
Or, l’imaginaire d’Elie Top est inclassable. Son univers est celui du rêve, mais un rêve qui serait géométrique. Son monde est un monde baroque, mais un baroque qui serait épuré. Il est résolument moderne, et cependant profondément classique. Ses créations sont spectaculaires, et pourtant cultivent le secret, le mystère. Par la finesse de leur travail, la complexité́ de leur architecture cosmogonique, ses collections relèvent de la Haute joaillerie, mais par leur liberté́ d’inspiration, par l’accent qu’elles mettent sur la créativité́ plus que sur le prix des pierres, elles ne renient pas le bijou fantaisie.
Inclassable donc, Elie Top est irréductible à un courant. Cela ne le place pas en marge pour autant. Au contraire, Elie Top s’inscrit dans une longue tradition de créateurs, scientifiques, artistes, qui ont travaillé́ sur la rencontre des faux contraires, la simplicité́ et la complexité́, la sobriété́ et la richesse, la ligne et la profondeur.
Verlaine tenait « le bleu fouillis des claires étoiles » comme une des images les plus pures de la beauté́. Or chacun sait que ce « bleu fouillis » est en réalité́ ordonné par l’exacte mathématique de l’expansion cosmique née du Big Bang. « L’ordre est le plaisir de la raison, mais le désordre est le délice de l’imagination ». Par la pureté́ mathématique de ses lignes, Elie Top caresse notre raison, et par l’extravagance des mondes intérieurs cachés dans ses bijoux, il comble notre imagination.
Les bijoux d’Elie Top sont beaux comme une extravagance mathématique.
La collection Mécaniques Célestes compose une cosmogonie de bijoux, dans laquelle chaque bijou est lui-même toute une galaxie.
Comme certaines villes que le voyageur aborde non par la porte principale mais par le faubourg, et dont il découvre ainsi des charmes secrets, l’amateur peut choisir de poser son premier regard non pas sur la face des bijoux, mais sur leur envers. Le soin qui lui a été consacré́ témoigne de l’extrême méticulosité́ de la collection. Cet envers est non pas creux, mais fermé, avec parfois un hublot dessiné pour apercevoir le dos de la sphère. Celle-ci, qu’elle soit d’or et diamants ou de pierre rare, est le cœur de la Mécanique Céleste, le centre de chacun des bijoux.
Il est temps à présent de les aborder de face. Abord qui n’annule pas le mystère. Au contraire, à l’instar du Cosmos, la collection Mécanique Céleste semble être une ode tout entière dédiée au mystère. Une sphère ? C’est en réalité́ de plusieurs qu’il s’agit, soit que le bijou en comporte quelques-unes, qui composent une galaxie, soit que l’astre unique se trouve lui-même englobé dans une sphère pareille à la voûte céleste, à la voie lactée. Et cette sphère est à volonté́ fermée ou ouverte : fermée pour dissimuler l’univers, ouverte pour le révéler. Au gré́ de l’inspiration de la femme qui le porte. Chaque femme n’est-elle pas elle-même un univers dont elle consent, ou pas, à dévoiler les mystères ?
De même qu’une musique est composée selon une mathématique, dont l’artiste sait faire disparaitre la rigueur à nos oreilles pour n’en garder que la légèreté́ et les profondeurs, de même chaque bijou de la Mécanique Céleste est construit selon une architecture précise : un corps principal d’argent patiné, encagé de fils d’or jaune rivetés, soutenant un axe sur lequel pivote une voûte découvrant les jeux des anneaux et des astres, eux- mêmes pivotant sur le même axe que la voûte. C’est cette architecture essentielle qui construit le thème de la collection, sa structure nécessaire, et qui permet à Elie Top de donner libre cours au jeu du mystère et du dévoilement.
La profondeur céleste de chaque bijou relève d’un savoir-faire d’horloger. Le corps en argent qui renferme cette mécanique dans le pendentif « Soucoupe volante » est fait d’une seule pièce, exploit qu’il eût été́ impossible d’accomplir avant la maîtrise actuelle de la 3D. Fascinante association d’un imaginaire hors du temps, d’une certaine impression d’ancien, et de la technologie d’avant-garde. Diabolique ambiguïté́ : sommes-nous plongés des milliers d’années en arrière dans le passé, ou bien projetés vers le futur ? Diabolique, la collection Mécaniques Célestes l’est aussi par la précision du montage de toutes les micro-pièces d’or et de diamant que comporte chacun de ses bijoux. Précision telle que chaque micro-pièce a dû être soudée au laser. Rencontre de l’extrême ingénierie et de la créativité́. Chaque anneau est gradué, rainuré. Au croisement des anneaux, un minuscule diamant. Si petit, qu’il faut presqu’une loupe pour le voir. Ce n’est que grâce à une visualisation cent fois agrandie sur un écran que le joaillier, pareil à un chirurgien, peut réaliser un travail aussi fin. L’assemblage des anneaux et des cages et d’une délicatesse extrême, tous sont intriqués les uns dans les autres et montés sur un axe : mobilité du tout et de chacun en particulier...